Dans notre voyage le Cap Vert devait être un peu sacrifié, pris en étau entre notre escale au Sénégal dont nous souhaitions profiter et notre souhait de passer Noël aux Antilles…
Nous savions donc que notre escale au Cap Vert serait courte, cet archipel s’étend sur plus de 4000km2 et est réparti en 10 îles, nous ne disposions que de 7 jours...
Nous avons donc choisi d’aller directement sur l’île de Sao Vicente, à l’ouest de l’archipel, qui serait notre point de départ pour la transat.
Nous arrivons le 1er décembre à minuit après 3 jours ½ de navigation au près / bon plein depuis Dakar !
Nous entrons dans la baie de Mindelo qui abrite un port de commerce, des ferrys et une petite marina. Au mouillage, des dizaines de voiliers… A terre, des équipages de toutes nationalités qui sont tous là pour la même raison : TRAVERSER L’ATLANTIQUE ! Ce port est LE dernier tremplin pour la transat, et les équipages allemands, canadiens, anglais s’affairent pour préparer leur bateau. Tous ceux qui sont arrivés là savent que la prochaine étape est l’archipel antillais…
L’ambiance y est vraiment particulière, tout le monde s’affaire pour faire les dernières réparations et préparer son départ.
Les équipages échangent sans fard sur leurs motivations mais surtout sur leurs appréhensions ; nous nous sommes tous lancés ce défi un peu fou, et arrivés ici, il n’est plus vraiment possible de faire demi-tour ! C’est un peu l’heure de vérité… Les liens se créent très facilement et avec beaucoup de sincérité. En fait, tout le monde a un peu la trouille et c’est assez rassurant !
Nous retrouvons avec beaucoup de joie Lolita et Aïmalaïa avec qui nous avions passé du temps à Dakar, nous retrouvons Boomerang, avec qui nous avions fait notre formation « survie » à Pornic en mai, nous rencontrons Atséna, Kaé… autant d’équipages avec enfants que nous retrouvons au bar flottant de la marina autour d’une bière pendant que les enfants passent de bateau en bateau en s’échangeant des Astrapi ou des BDs… Les sollicitations sont nombreuses tous les soirs, difficile de se reposer !
Alors radio-ponton fonctionne à plein, « Tel équipage est parti il y a 12 jours et ils sont encore à 500mn, pourtant c’est un cata mais ils ont eu de la pétole… » « Tel bateau qui vient d’arriver de Sal a eu 8m de creux ! » « Tel bateau est revenu 2 jours après leur départ, ils ont fait demi-tour car ils ont cassé leur vide-mulet et leur moteur… ».
Il faut garder la tête froide pour se faire sa propre opinion, analyser les fichiers météo, et enfin choisir sa date de départ…
En effet nous partons 15 à 20 jours de navigation en autonomie, les premières heures entre les îles sont agitées en raison des effets du vent sur les montagnes, ensuite les vents sont portants mais rendent le demi-tour fastidieux ! Il faut prévoir l’avitaillement, tester les produits locaux avant d’en faire une réserve pour le voyage(nous découvrons ainsi les yaourts longue conservation -miam la gélatine de bœuf- qui seront bien appréciés toute la durée de la traversée ; en effet j’ai beau avoir de quoi faire des yaourts, en mer avec le roulis ils ne prennent pas du tout !),trouver une laverie pour partir avec des draps et des affaires propres et y faire plusieurs allers et retours… ne pas oublier de faire sa sortie du territoire auprès de la police de l’immigration cap verdienne, ranger dans le bateau tout ce qui ne servira pas pendant la transat, et rendre accessible facilement tout ce dont nous aurons besoin, cuisiner avec des produits frais des repas pour les 3 premiers jours, grimper en haut du mat pour vérifier le gréement…
Au milieu de tout ça, nous essayons de profiter de ce que nous offre cette île : un paysage volcanique et assez austère, mais des plages de sable blanc, exposées aux vents et aux vagues mais qui permettent de belles rencontres … Nous nageons en effet avec des tortues !! Expérience incroyable et assez impressionnante !
Et des expériences de kite et de surf avec nos amis d'Aïmalaïa ! Xavier est un super prof et ils ont des planches en tout genre ! (Calixte et Joseph ont testé le kite entre ses jambes !)
Nous retrouvons la langue portugaise, et sommes déjà dans une ambiance créole, avec la musique à fond partout, et des locaux très accueillants ravis de discuter et de me demander, un peu comme partout "only boys ? Wher's the girl ?" !
Nos amis de Lolita partent quelques jours avant nous et nous envoient un mail 2 jours après leur départ en nous donnant leurs conditions de mer mais surtout en nous encourageant à partir !
Après une semaine de préparation, avec pour objectif initial de partir le dimanche après-midi après la messe, nous reportons notre départ de quelques heures pour partir plus sereinement le lundi matin. Le jour arrivé, nous sommes sous tension, concentrés, et enfin, nous partons ! C’est un peu comme sauter du plongeoir de 10m de la piscine ! Nous poussons tous un grand cri quand les voiles sont hissées et que nous prenons la direction de l’Amérique !
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