Demain, nous partons pour le Sénégal. Les deux derniers jours ont été denses, inventaire de la quantité de pâtes, conserves de maïs, de haricots verts et de semoule, riz, tomates, mandarines, haricots rouges, lait, beurre…, courses, bricolage, nettoyage, lessives à la main, rangement, re-courses, achat d’un filtre pour filtrer l’eau douteuse que nous pourrions trouver dans nos escales…
Chaque départ est un nouveau départ : préparer le bateau pour la navigation, faire les pleins d’eau et de nourriture, ranger soigneusement ce qui ne nous servira pas et qui pourrait valser à la gite, préparer les livres, jeux qu’on sera heureux de sortir facilement…
Nous sommes rincés et impatients de partir, et en même temps une petite appréhension est toujours présente avant de partir pour plusieurs jours de mer...
Au milieu de tout ça, il nous a fallu gérer un petit imprévu : mon téléphone, qui était le plus « moderne » du bord et qui disposait du forfait data, est tombé à l’eau lundi… Les accès aux banques, comptes Instagram, whatsapp, tout ça git au fond de l’Atlantique à 47m de fond ! Et sans internet dans le port, sans internet à bord, il nous a fallu « squatter » à plusieurs reprises le wifi du café OASIS (quand il fonctionnait, ou qu'il était ouvert ou...), pour envoyer des mails, charger les podcasts sur un autre support, commander la carte Sim…
Nous vous raconterons nos 3 semaines aux Canaries dans un prochain post, mais ce lundi 28 octobre nous avions à bord Pétronille, la filleule de Jérôme qui était venue nous voir pendant ses vacances.
Lors de notre navigation entre Puerto del Castillo et Gran Tarajal, alors que j’apprends à jouer à la belote aux enfants, le moulinet de notre ligne de pêche se met à chanter. Pétronille nous regarde stupéfaite tour à tour lacher nos jeux, nous agiter dans tous les sens et crier tous en même temps
« on a une prise on a une prise »
« choque le génois ! »
« j’en étais sur ! j’en étais sur ! »
« vas-y vas-y remonte le »
« la gaffe, passe-moi la gaffe »
« Théophile recule toi »
« y’a quelque chose ? y’a quelque chose »
Pendant que Jérôme à l’arrière du bateau, remonte difficilement la ligne.
Oui il y a quelque chose !!
"C'est énorme !"
"C'est un thon !!" "un espadon !"
"Un requin !"
Oui un requin. UN REQUIN ! Il a fallu se battre pour le remonter à bord, et le défaire de la ligne dans laquelle il était ligoté !
Pendant ce temps, je filmais l'exploit avec mon téléphone, et dans le combat, je me suis pris un coup de coude, ou de gaffe je ne sais plus, et le téléphone a plongé...
Bref, demain, nous partons pour le Sénégal.
7 jours de mer, première traversée de cette durée pour l’équipage ! J’ai hâte d’aller au-delà de notre « record » (3 jours et 10 heures entre le Maroc et les Canaries), et je suis curieuse de voir comment on va le vivre ; on a constaté, comme le disent tous les marins, qu’il faut 3 jours pour s’amariner, à chaque fois, et qu’ensuite on prend le rythme du bateau.
Prendre son mouvement. S'habituer aux bruits. Adapter sa démarche.
Accepter qu’il ne se passe pas grand’chose pendant de longues heures, sans avoir l’impression de perdre du temps. Puis soudain, la pêche d’un poisson, puis de deux après 1 année sans aucune prise ! Savourer le spectacle de dauphins qui nous accompagnent pendant plus d’une heure après une journée très calme et sans animation… Ecouter et chanter à tue-tête en famille pendant des heures.
Mais surtout, demain, nous partons pour le Sénégal. L’Afrique. Nous quittons l’Europe pour de bon, notre aventure prend un autre tournant.
Cela fait maintenant 2 mois et 12 jours que nous sommes partis. Les repères sont pris sur le bateau. Nous avons tous hâte de découvrir l’Afrique, de descendre dans le Sine Saloum rencontrer nos contacts à Moundé. Nous savons que ce ne sera pas forcément facile. Tout le monde attend ça avec impatience et appréhension à la fois…
Il va encore falloir patienter 7 jours !
A très vite.
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