Après une nuit de navigation sous les étoiles, nous arrivons pour le lever du soleil à Prickly Bay au sud de l’île de Grenade. Le mouillage est une bonne escale technique avec ses chantiers et les bureaux de la douane et l’immigration. Il est donc très apprécié des navigateurs pour y faire hiverner leurs bateaux. Il faut reconnaitre que nous lui trouvons un peu moins de charme que nos mouillages sauvages de Tobago. Nous y passons quelques jours sur notre rythme habituel, école, bricolage, baignade et Optimist. Mais nous arrivons à la fin des réservoirs d’eau et il faut faire les pleins. Les derniers pleins remontent à Mindelo, complétés par quelques bidons d’eau à Tobago. Avec un total de 800 litres de capacité dans les réservoirs, cela nous fait une belle autonomie de près d’un mois ! Mais pour l’atteindre, nous n’utilisons pas l’eau comme à la maison, nous faisons attention à ne pas gâcher la moindre goutte et dès que nous pouvons nous utilisons notre pompe d’eau de mer pour faire la vaisselle ou la cuisine.
A Saint Georges, capitale de Grenade, où nous allons donc faire nos pleins, nous profitons pendant 4 jours de tout le confort d’une bonne marina : lessive, wifi, douche chaude ( !), piscine, eau courante… Notre dernière escale de ce type remonte aux Canaries et il faut reconnaitre que nous apprécions ce petit confort ! Le dimanche, après une messe de bon matin (on trouve que 8h du matin pour un dimanche matin c’est un peu raide) et nous filons faire l’ascension du mont Quaqua, en suivant le bord d’un cratère, au milieu de la forêt vierge. Nous revenons tous avec de la boue jusqu’aux chevilles ou jusqu’aux genoux suivant notre taille ! Nous sommes tellement boueux qu’à l’usine de chocolat que nous visitons ensuite, le guide nous dit gentiment que, vu notre état, il n’est pas possible pour des questions d’hygiène de visiter les ateliers… Nous achetons quand même quelques plaques de bon chocolat que nous espérons ramener jusqu’en France pour les fans de chocolat.
Après cette escale reposante, nous quittons Grenade et remontons plein nord vers Carriacou. Le vent quasi nul à la sortie du port, monte, une fois passée la pointe de l’île, à 25-30 nœuds, de face et accompagné de vagues courtes et d’un courant défavorable. Avec notre moyenne médiocre (plus de 4 heures pour faire la quinzaine de milles qui nous séparent de Ronde Island) et le hublot de la cabine avant laissé entrouvert qui a détrempé la couchette de Calixte, on considère qu’on a vraiment navigué « comme des touristes » sur ce petit trajet, il faudra faire mieux si on veut rentrer en Europe…

A Carriacou nous mouillons à Tyrell Bay, où nous recroisons Topaze, Loustic, Volubilis et Moussespic, tous rencontrés à Tobago et que nous recroisons régulièrement au hasard des escales. C’est l’occasion de se repasser les « tuyaux » pour les ballades, les bons coins pour les courses ou les réparations et partager un Ti’punch à l’apéro.
En plus de notre vie tranquille (toujours le rythme : école, bricolages, baignades et Optimist), nous visitons sur 1 ou 2 jours, les ilets alentours, White Island et Sandy Island, où nous découvrons de superbes mouillages et plongeons avec beaucoup de poissons. Les enfants deviennent incollables pour reconnaitre les poissons perroquets, poissons anges, caranges, sergents majors (appelés « poissons daltons » à bord de SPICA à cause de leur tenue rayée jaune et noire), poissons trompette, poissons chirurgiens, balistes, raies, tortues et j’en passe. Au cours d’une plongée, Baptiste découvre, tapi sous un rocher, un « gros poisson » qui se révèle être un requin de près de 2 mètres ! Il s’agit d’un requin dormeur, inoffensif, qui passe près de 20 heures par jour à dormir. Des locaux nous dirons après coup que cet endroit est surnommé le « shark’s chanel »…
Au cours des 12 jours passés à Carriacou nous apprécions le contact facile avec les habitants nous faisons des rencontres sympas. La plus marquante est celle de Tim D’ King qui tient une paillotte sur une magnifique plage isolée à Anse la Roche. Débarqués en maillots de bains pour y faire de la plongée un dimanche matin, je me laisse tenter par l’endroit pour un déjeuner dominical et je négocie avec lui un déjeuner pour 6. En retournant au bateau pour récupérer de l’argent et valider l’option avec Béné, je me rends compte que je n’ai plus que quelques dollars caribéens, pas assez pour le déjeuner. Je retourne donc, penaud, annoncer à Tim que nous ne déjeunerons pas chez lui. Alors que je m’apprête à repartir sur le bateau avec les enfants, il me rattrape et m’annonce « J’ai fait une belle journée hier avec un gros bateau de croisière, moi aussi j’ai une famille , tu es mon invité, c’est gratuit pour toi ». Après un faible « non mais i’faut pas », on se laisse faire et on profite d’un excellent déjeuner face à la plage et accompagné par la musique d’un étrange instrument appelé « Metal Drum ».

Autant Grenade restera pour nous une île, belle, pratique, mais un peu anonyme, autant Carriacou restera une île où nous avons profité d’une belle nature, à terre comme en bord de mer et rencontré des habitant très sympas. Encore une belle escale sur notre périple…
Comments