Pour la prochaine étape de notre voyage, nous avons rendez-vous dans le village de Moundé dans le Siné Saloum où nous devons réaliser pour l’association Voiles Sans Frontières les missions suivantes : - les gilets de sauvetage : en compagnie de Patrick, livrer près de 70 gilets de sauvetage et former à leur utilisation sur terre puis dans l’eau - le partenariat scolaire : réaliser un film sur l’école primaire et la classe de CP en réponse à une vidéo réalisée par une école française afin d’initier un partenariat scolaire - récupérateur d’eau de pluie : faire un audit d’un récupérateur d’eau de pluie financé il y a quelques années par VSF
La navigation de Dakar à l’entrée du Saloum est de 60 milles et peut être faite sur la journée. Mais le vent un peu léger et une pause baignade en cours de nav’ nous font arriver de nuit à l’entrée du chenal. Heureusement, avec l’aide de la pleine lune et des coordonnées GPS exactes envoyées par un voilier VSF déjà entré au Saloum, nous arrivons tant bien que mal à repérer les bouées du chenal de la passe de Djiffer. Nous pouvons enfin mouiller vers 22h devant ce village à la limite entre la mer et le Saloum. C’est le point de rendez-vous du lendemain matin avec Seydou qui doit nous guider à travers les bolongs jusqu’à Moundé (bolong = bras de la rivière, le plus souvent bordé de mangrove).
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La navigation dans le Saloum se fait à vue, sans l’aide habituelle de la cartographie marine. Celle-ci n’est pas fiable et d’après notre logiciel de cartographie, nous naviguons régulièrement « sur la terre ». Il faut donc naviguer à vue, scruter la couleur de l’eau pour deviner les bancs de sables et suivre attentivement le sondeur. Globalement, il y a plus de profondeur à l’extérieur des méandres, où il ne faut pas hésiter à approcher à quelques mètres de la mangrove. Une fois ce réflexe acquis, reste à trouver le passage pour traverser le bolong quand les méandres s’enchainent et qu’il faut donc passer de la rive droite à la rive gauche. Je me souviendrai longtemps de l’alignement du bolong de Mar Lodge constitué d’un baobab et de la maison en pagode !
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Dans le bolong de Moundé, nous découvrons une magnifique nature. Depuis notre bateau au mouillage au cœur de la mangrove, nous profitons du calme de la nature, des nombreux oiseaux et de magnifiques couchers et levers du soleil. La conduite des enfants à l’école en annexe au lever du soleil au milieu de la mangrove puis sur un sentier de brousse est un des moments où nous profitons pleinement de cette proximité avec la nature. Près de 2000 habitants vivent dans le village de Moundé, où les maisons dans lesquelles vivent une ou plusieurs familles autour d’une même cour sont reliées par de rues en sable seulement parcourues par des charrettes tirées par des ânes. Pas une seule voiture ou moto, quel calme…
Le Sine Saloum restera surtout pour nous un lieu de belles rencontres. Dès notre arrivée le premier jour, sur notre route pour aller nous présenter à Doudou le chef du village, nous sommes accueillis par une troupe d’enfants qui grandit au fur et à mesure que nous approchons de Moundé. Ces contacts permanents avec les enfants « comment tu t’appelles » « t’as quel âge », « t’es en quelles classe », « goûte ce fruit »… dureront tout le temps du séjour. L’un de nos enfants nous avouera tout de même qu’il était content que ça s’arrête à la fin de la journée. L’accueil sera très chaleureux tout au long de ces 15 jours et les nombreux repas pris ensemble nous permettent de profiter de la gastronomie sénégalaise et d’échanger longuement avec Doudou.
Le tournage du film à l’école permet aux enfants d’être accueillis chacun dans une classe de leur niveau (4ème, CM2, CE1 et Case des Tous petits). Ils y découvrent des conditions matérielles et des méthodes pédagogiques différentes de celles qu’ils connaissent en France mais ils se font aussi des copains qui les invitent à manger le goûter chez eux (sandwich au thon hyper épicé et café au lait). Les plus grands des copains expliquent à Baptiste qu’ils aimeraient beaucoup partir en Europe avec nous… Pour nous les parents, ce film est un super vecteur pour nouer une relation suivie et amicale avec les instituteurs, au cours de séances de travail pour avancer sur le film en lui-même, mais aussi des thés à la menthe (et à la pastille Valda !) et d’un goûter sur SPICA.
C’est donc le cœur un peu serré que nous quittons le Saloum après 2 semaines en laissant M. Diouf, Mme Diara, Doudou, M. Dialo et tous ces enfants. Cette étape restera comme un moment fort de notre tour de l’Atlantique c’est certain !
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